Syngman Rhee : Premier Président de la Corée du Sud
Photo : https://fr.wikipedia.org/wiki/Syngman_Rhee
Syngman Rhee (이승만, Yi Seung-man), né le 26 mars 1875 et décédé le 19 juillet 1965, fut une figure centrale dans l'histoire moderne de la Corée, jouant un rôle crucial dans la lutte pour l'indépendance coréenne et devenant le premier président de la République de Corée (Corée du Sud). Cet article explore en détail sa vie, sa carrière politique et son héritage complexe.
Jeunesse et Formation
Syngman Rhee est né dans une famille yangban (aristocratique) à Hwanghae, dans ce qui est aujourd'hui la Corée du Nord. Très tôt, il montre des aptitudes intellectuelles exceptionnelles et étudie dans des écoles missionnaires où il apprend l'anglais et embrasse le christianisme.
En 1904, Rhee part pour les États-Unis, où il poursuit ses études à l'Université George Washington, obtenant un diplôme en 1907. Il continue à l'Université Harvard, où il obtient une maîtrise, puis à l'Université de Princeton, où il devient le premier Coréen à obtenir un doctorat en 1910, sous la tutelle de Woodrow Wilson, futur président des États-Unis.
Engagement pour l'Indépendance
Pendant son séjour aux États-Unis, Rhee s'engage activement dans le mouvement pour l'indépendance coréenne. Après l'annexion de la Corée par le Japon en 1910, il devient une voix influente pour la cause coréenne sur la scène internationale.
Gouvernement Provisoire en Exil
En 1919, après le soulèvement du 1er mars contre l'occupation japonaise, un gouvernement provisoire de la République de Corée est établi à Shanghai. Syngman Rhee est élu président de ce gouvernement en exil. Malgré ses efforts pour obtenir le soutien des puissances occidentales, il rencontre des obstacles, notamment le manque de reconnaissance internationale et des dissensions internes au sein du mouvement indépendantiste.
Retour en Corée et Fondation de la République de Corée
Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 et la capitulation du Japon, la Corée est libérée après 35 ans de domination japonaise. La péninsule est divisée en deux zones d'occupation, soviétique au nord et américaine au sud.
Rhee retourne en Corée en 1945, bénéficiant du soutien américain. En 1948, il est élu président de la République de Corée lors de la première élection présidentielle, marquant la naissance officielle de la Corée du Sud.
Présidence
Politiques et Gouvernance
La présidence de Rhee est marquée par des politiques anticommunistes strictes et une consolidation autoritaire du pouvoir. Il instaure une répression sévère contre ses opposants politiques, y compris des purges et des arrestations de communistes et de sympathisants.
Guerre de Corée
Le 25 juin 1950, la guerre de Corée éclate lorsque les forces nord-coréennes envahissent le Sud. Rhee joue un rôle crucial dans la défense de la Corée du Sud, obtenant un soutien massif des Nations Unies, principalement des États-Unis. Après trois années de conflit dévastateur, un armistice est signé en 1953, établissant la ligne de démarcation actuelle près du 38e parallèle.
Élections et Contestations
Rhee est réélu en 1952, 1956 et 1960, souvent dans des circonstances controversées, incluant des accusations de fraude électorale et d'intimidation. Son régime devient de plus en plus autoritaire, suscitant une opposition croissante.
Chute et Exil
En avril 1960, des manifestations massives éclatent après des élections législatives largement perçues comme truquées. Connues sous le nom de "Révolution d'avril", ces protestations entraînent finalement la démission de Rhee le 26 avril 1960. Rhee fuit en exil à Hawaï, où il passe le reste de sa vie jusqu'à sa mort en 1965.
Héritage
Syngman Rhee laisse un héritage complexe et controversé. D'un côté, il est célébré comme un pionnier de l'indépendance coréenne et le premier président de la République de Corée, jouant un rôle crucial dans la fondation et la défense de l'État sud-coréen. De l'autre, son régime est critiqué pour ses méthodes autoritaires, la répression des opposants politiques et les violations des droits de l'homme.
Syngman Rhee reste une figure clé de l'histoire coréenne, dont l'impact est toujours débattu et étudié. Sa vie et sa carrière incarnent les aspirations et les luttes de la Corée au cours d'une période tumultueuse, marquée par la colonisation, la guerre et la quête pour la souveraineté et la démocratie.