Le soulèvement de Daegu
Le soulèvement de Daegu, également appelé l'insurrection de Daegu ou l'incident d'octobre de Daegu, est un événement majeur survenu en Corée du Sud en octobre 1946. Cet événement est l'un des premiers soulèvements civils majeurs de la période post-Seconde Guerre mondiale en Corée, et il a eu lieu à Daegu, une ville du sud-est du pays.
Contexte historique
Après la défaite du Japon en 1945, la Corée a été libérée de 35 ans d'occupation japonaise, mais elle est immédiatement tombée sous une nouvelle division géopolitique entre le nord, contrôlé par les Soviétiques, et le sud, sous l'influence des Américains. La Corée du Sud a été placée sous le gouvernement militaire américain, dirigé par le général John R. Hodge.
Dans ce contexte de bouleversements politiques et économiques, de nombreuses tensions ont émergé. La répression des communistes et des syndicats, les pénuries alimentaires graves et la désillusion face aux promesses non tenues d'indépendance ont exacerbé les frustrations populaires. Les paysans, les ouvriers et les communistes, qui espéraient de meilleures conditions de vie après la libération du joug colonial japonais, se sont sentis trahis par la nouvelle administration et ont exprimé leur mécontentement.
Causes du soulèvement
L'une des principales causes du soulèvement a été une grève massive des cheminots et d'autres travailleurs en septembre 1946, organisée par des syndicats influencés par le Parti du Travail de Corée du Sud (une organisation communiste). Ces grèves se sont intensifiées à travers le pays, et Daegu, qui était un centre industriel important, a été particulièrement touchée.
La réaction du gouvernement militaire américain a été de réprimer sévèrement les grèves, ce qui a conduit à des affrontements violents entre les forces de police et les manifestants. L'arrestation et la répression de nombreux militants syndicaux ont aggravé la situation, poussant la population locale, y compris les paysans, à se rebeller.
L'événement
Le 1er octobre 1946, les manifestants à Daegu, furieux de la répression brutale des grévistes et du manque de réformes socio-économiques, se sont affrontés aux forces de l'ordre. Ce jour-là, la police a tiré sur une foule en colère, tuant plusieurs personnes. Cet acte a déclenché une révolte à grande échelle dans la région.
Pendant plusieurs jours, des milliers de personnes, principalement des ouvriers, des paysans et des militants communistes, ont participé à des manifestations violentes à Daegu et dans les régions environnantes. Les bâtiments gouvernementaux, les commissariats de police et les bureaux locaux de l'administration américaine ont été attaqués. Le soulèvement s'est étendu à d'autres villes et provinces du sud de la Corée, marquant un point de tension significatif dans la lutte de pouvoir entre les forces pro-américaines et les éléments communistes en Corée.
Répression et conséquences
Le gouvernement militaire américain et les forces sud-coréennes ont réagi de manière sévère pour réprimer le soulèvement. Des troupes ont été déployées pour restaurer l'ordre, et la répression s'est soldée par l'arrestation de milliers de personnes et la mort de centaines de manifestants.
Le soulèvement de Daegu a marqué un tournant dans la lutte politique en Corée du Sud. Il a mis en lumière la profonde fracture entre les partisans du gouvernement soutenu par les États-Unis et ceux qui prônaient une voie plus socialiste et nationaliste, souvent alliée aux forces du nord.
Bien que l'insurrection ait été réprimée, elle a alimenté un climat de méfiance et de radicalisation, notamment dans les zones rurales et parmi les travailleurs. Cet événement a également contribué à renforcer le contrôle militaire et policier sur les mouvements syndicaux et politiques dans le sud de la Corée. Il a aussi eu des répercussions dans l'histoire ultérieure de la guerre civile en Corée, qui s'est intensifiée jusqu'à l'éclatement de la guerre de Corée en 1950.
Importance historique
Le soulèvement de Daegu est souvent cité comme un exemple de la lutte sociale et politique intense qui a marqué les années de transition entre la domination coloniale japonaise et l'indépendance coréenne. Il a révélé les tensions profondes dans la société coréenne de l'époque et a anticipé la division durable de la péninsule entre le Nord communiste et le Sud capitaliste.
Il est également commémoré en Corée comme un moment clé dans l'histoire des mouvements populaires et des luttes pour les droits des travailleurs.
