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Pansori

Le pansori (판소리) est une forme de musique narrative traditionnelle coréenne qui combine chant, récitation et jeu d'acteur pour raconter des histoires épiques et dramatiques. Classé comme Patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO en 2003, le pansori occupe une place centrale dans la culture coréenne et a profondément influencé d'autres formes artistiques, telles que le changgeuk (théâtre musical coréen). Ce genre unique incarne à la fois l'histoire et les émotions collectives du peuple coréen à travers sa simplicité narrative et sa puissance expressive.

1. Origine et histoire du pansori

Le pansori apparaît au XVIIe siècle, durant la dynastie Joseon, et trouve son origine dans les traditions populaires des classes paysannes et des conteurs itinérants. Le terme "pansori" est formé de deux mots : "pan" (판), qui signifie "lieu" ou "espace", et "sori" (소리), qui signifie "son" ou "chant". Cela renvoie à l'idée d'un spectacle en plein air, dans des lieux publics où les gens se rassemblaient pour écouter des histoires chantées.

  • Développement : Le pansori est d'abord une forme d'art populaire, jouée lors de festivals ou dans les rues. Au XVIIIe siècle, il gagne en popularité auprès des élites et de la cour royale, ce qui entraîne une certaine codification et un raffinement des performances. Durant cette période, plusieurs écoles de pansori voient le jour, chacune développant son propre style.

  • Colonisation japonaise (1910-1945) : Pendant cette période, la Corée subit des restrictions culturelles sévères. Toutefois, le pansori survit, souvent comme un symbole de résistance culturelle, bien que sa pratique ait décliné.

  • Période moderne : Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pansori a connu une renaissance. Aujourd'hui, il est reconnu comme un trésor national et est enseigné dans des académies spécialisées pour préserver et transmettre cet art aux nouvelles générations.

2. Caractéristiques du pansori

Le pansori est un art très spécifique qui repose sur quelques éléments fondamentaux, qui, ensemble, en font un spectacle complet et captivant.

a) La performance

Une représentation de pansori repose principalement sur deux interprètes :

  • Le gwangdae (ou sorikkun) : C’est le chanteur principal qui narre toute l'histoire, en interprétant les différents personnages avec des changements subtils dans la voix, les expressions faciales et les gestes. Le gwangdae doit maîtriser à la fois le chant et la récitation. En plus de chanter, il décrit les actions et les émotions des personnages, souvent avec un ton humoristique et interactif.

  • Le gosu : C'est le percussionniste qui accompagne le chanteur en jouant du buk (tambour). Le gosu ne se contente pas de suivre le rythme, mais interagit avec le chanteur à travers des exclamations d’encouragement appelées chuimsae, qui aident à souligner les moments clés du récit.

b) Le chant et la voix

Le chant dans le pansori est réputé pour sa technique vocale particulière, qui demande une grande endurance et une maîtrise de la modulation des sons. Le chanteur doit alterner entre des parties chantées très mélodiques et des parties plus récitées. La voix est souvent rugueuse et puissante, ce qui permet de transmettre l'intensité émotionnelle du récit.

Le style vocal du pansori est marqué par le han (한), un concept coréen qui évoque une profonde mélancolie, une douleur émotionnelle souvent associée à la souffrance historique du peuple coréen. Le han est un élément fondamental dans la manière dont les histoires de pansori sont racontées et perçues par le public.

c) Structure et narration

Les histoires de pansori sont divisées en plusieurs sections appelées madang (마당), qui peuvent être considérées comme des chapitres. Chacune de ces sections peut durer plusieurs heures. Une représentation complète de pansori peut durer jusqu'à 5 à 8 heures, bien que les performances modernes soient souvent raccourcies.

3. Les œuvres classiques du pansori

À l'origine, on recensait jusqu'à douze pansori majeurs, mais seulement cinq ont survécu et sont régulièrement interprétés aujourd'hui. Ces récits sont souvent centrés sur des thèmes comme l'amour, la loyauté, la piété filiale et la justice.

Voici les cinq pansori classiques :

  1. "Chunhyangga" (춘향가) : L'histoire d'amour entre Chunhyang, fille d'une courtisane, et Lee Mongryong, le fils d'un magistrat. C'est l'un des pansori les plus populaires, mettant en avant la loyauté et le sacrifice dans l'amour.

  2. "Simcheongga" (심청가) : Cette œuvre raconte l'histoire de Simcheong, une fille qui se sacrifie en se jetant dans la mer pour rendre la vue à son père aveugle. C'est un récit de piété filiale et de dévotion.

  3. "Heungbuga" (흥부가) : L'histoire de deux frères, Heungbu et Nolbu. Heungbu est généreux et bon, tandis que Nolbu est avide et méchant. Ce pansori met en lumière les thèmes de la justice et de la rétribution.

  4. "Sugungga" (수궁가) : Une histoire satirique et humoristique où un lapin rusé trompe un roi-dragon. C'est l'une des œuvres les plus légères du répertoire, avec des éléments de fable animale.

  5. "Jeokbyeokga" (적벽가) : Basé sur la célèbre bataille de la falaise rouge tirée du roman chinois "Les Trois Royaumes". Ce pansori est connu pour ses descriptions épiques de batailles et de stratégies militaires.

4. Techniques vocales et styles du pansori

Le chant dans le pansori repose sur un ensemble de techniques complexes qui requièrent une formation approfondie. Les chanteurs doivent avoir une excellente maîtrise de leur respiration, de leur endurance vocale et de leur capacité à transmettre des émotions.

  • Jo (조) : Le jo fait référence aux différents modes ou tonalités utilisés dans le chant du pansori. Chaque mode crée une atmosphère particulière :

    • Jinyangjo : Lent et grave, souvent utilisé pour exprimer la tristesse.

    • Jungmori : Plus rapide, il est utilisé pour des scènes joyeuses ou humoristiques.

    • Hwimori : Très rapide, employé pour des scènes d'action ou de tension.

  • Sori (소리) : Le terme "sori" signifie à la fois "son" et "chant". Le chanteur utilise différents types de sori pour incarner plusieurs personnages et émotions. Les changdang (ou mélodies) varient en fonction des sentiments exprimés, alternant entre des passages lents et rapides.

  • Chuimsae (추임새) : Les exclamations du percussionniste sont essentielles pour encourager le chanteur et dynamiser la performance. Les "Eolssigu!", "Jota!" sont des exemples typiques d'encouragements qui aident à rythmer le spectacle et à accentuer certaines parties du chant.

5. La dimension sociale et culturelle du pansori

Le pansori est bien plus qu'une simple performance artistique : il a longtemps joué un rôle social important en tant que forme de divertissement populaire, mais aussi comme moyen de transmettre des valeurs morales et des histoires nationales.

  • Un art pour toutes les classes sociales : Bien qu'il soit né dans les classes populaires, le pansori a su transcender les classes sociales pour devenir un art apprécié par l'aristocratie durant la dynastie Joseon. Il est devenu un symbole d’union culturelle à travers les différentes couches de la société.

  • Le pansori et le "han" : Le pansori est souvent considéré comme une expression du han, cette émotion collective de douleur, de résilience et de tristesse profonde propre au peuple coréen. Chaque pansori contient une part de cette émotion, que ce soit dans les histoires d'injustice, de sacrifice ou de souffrance, offrant ainsi une catharsis pour les spectateurs.

6. Le pansori dans le monde moderne

Aujourd'hui, le pansori continue d'exister grâce aux efforts de préservation et de transmission. Il est enseigné dans des écoles spécialisées, et des festivals sont organisés pour promouvoir cet art tant en Corée qu’à l’international.

  • Renouveau contemporain : De nombreux artistes contemporains explorent de nouvelles manières de faire évoluer le pansori en l'intégrant à d'autres genres musicaux ou en utilisant des récits modernes.

  • Résonance internationale : Le pansori attire également l'attention sur la scène mondiale. Grâce à sa reconnaissance par l'UNESCO, de plus en plus de publics étrangers s’intéressent à cet art et aux émotions profondes qu’il transmet.

Conclusion

Le pansori est bien plus qu'un art musical traditionnel ;